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Interview post Saint-Brévin et quelques photos
Une semaine après ce fantastique weekend qui nous a couronnés champions d'Europe, j'avais l'intention de vous écrire quelques lignes au sujet du championnat.
Entre temps, Kozoom nous a sollicités afin de publier dans ses colonnes une interview groupée.
Je vous propose donc de retrouver ci-dessous les questions de Xavier Carrer, auxquelles Jérôme Barbeillon et moi-même avons pris plaisir à répondre.
L'occasion pour nous de vous remercier pour l'incroyable soutien que vous nous avez manifesté.
Retrouvez également à la fin quelques photos d'Hervé Lacombe.
En remportant le championnat d'Europe par équipe nationale le 6 novembre dernier à Saint-Brévin, Jérémy Bury et Jérôme Barbeillon ont signé l'une des plus belles pages de l'histoire du 3 Bandes tricolore. La victoire des numéros 1 et 2 français, âgés respectivement de 30 et 37 ans, hisse pour la première fois nos couleurs au sommet des nations européennes. Cela tenait à coeur des deux champions d'adresser un message à leurs supporters. Cet interview leur en donne l'occasion.
Kozoom: Votre victoire est considérée à juste titre comme un exploit dans la mesure où la France n'avait encore jamais brillé dans ce genre d'épreuve. Qu'est-ce qui selon vous a fait la différence cette fois ?
J. Barbeillon: Ce qui est paradoxal, c’est que j’ai participé aux masters d’Agipi quelques jours avant, et je n’ai pas très bien joué. Forcément, il y avait un doute avant de débuter ce championnat d’Europe. Mais quand on représente son pays pour une compétition internationale, ce n’est plus pareil. J’ai vraiment été à 100% tout le long du tournoi, et c’est vraiment une immense joie d’apporter cette première médaille d’or à la France.
J. Bury: Jérome ne se sentait pas très en forme avant ce championnat et de mon côté, ma nouvelle vie de jeune papa m'avait laissé moins d'entraînement que d'habitude. Mais, il arrive parfois que l'on se sente psychologiquement plus "habité" par un championnat, sans forcément que ce sentiment soit commandé. Et c'était le cas ici. J'avais vraiment envie de "faire un truc" et je me sentais assez fort pour emmener cette équipe vers une bonne performance.
Kozoom: Comment cela fonctionne une équipe de deux joueurs ? On imagine bien que chacun est porté par les séries de son équipier sur la table voisine mais y-a-t'il une complicité particulière entre vous, un échange avant ou pendant les matches ?
J. Barbeillon: 2 jours avant la compétition, nous nous sommes réunis pour s’entrainer. Ensuite, on a été ensemble durant ces 4 jours. Cela a contribué, c’est sûr, à une soudure de notre équipe. Forcément, j’étais très concentré, mais indéniablement, je suivais sur la table d’à coté l’évolution de Jérémy. Cela permet de gérer un peu mieux la partie qu’on est entrain de jouer.
J. Bury: Cette compétition est une aventure humaine durant laquelle on défend son pays. Depuis l'entrainement commun qui a précédé le championnat et jusqu'à la fin, nous avons avancé ensemble, avec sérieux et ambition. Cette formule par équipes fait que les deux joueurs évoluent en même temps, côte à côte. Il est difficile de ne pas jeter un œil à ce que fait son coéquipier sur la table voisine. Parfois, la concentration en subit d'ailleurs les conséquences! Pendant les matchs, nous ne pouvons pas nous parler mais parfois un simple regard ou geste suffit à se comprendre ou s'encourager.
Kozoom : Jérôme, avoir comme équipier un joueur bien installé dans le top 10 mondial et qui fait régulièrement ses preuves à l'international, c'est à double tranchant : cela peut tirer vers le haut comme ajouter une pression supplémentaire. Avez-vous ressenti cette pression ?
J. Barbeillon: Non je n’ai ressenti aucune pression négative. Je sais que je suis à 100% et quoiqu’il arrive je n’aurai aucun regret. C’est la magie des épreuves par équipe. Jérémy est une super locomotive dans ce genre de championnat. Il est toujours très motivé et forcément il vous booste au maximum. Il est maintenant 6ème mondial et je sais qu’il peut battre n’importe qui.
Kozoom: En ¼ de finale, vous êtes opposés à l'équipe de Belgique B composée de la paire Caudron-De Backer. Comment avez-vous vécu cette incroyable rencontre ?
J. Barbeillon: Cela a été l’élément déclencheur de notre réussite. Mené 31 à 16, pendant que je menais contre De Backer, jérémy a réussi à faire une magnifique série de 18 qui a tout relancé. Le public s’est mis à nous encourager, digne d’une finale de coupe davis en tennis. L’ambiance devenait électrique et on a réussi à battre cette équipe.
J. Bury: Je n'avais encore jamais battu Frederic auparavant. Et l'affaire était mal engagée… Je suis très nettement mené au score et Jérome est au coude-à-coude avec Peter De Backer. Je me dis alors que je dois essayer de faire un maximum de points, en espérant que Jérôme l'emporte plus largement. Et vient alors la série de 18! Le public m'a littéralement porté, en applaudissant de plus belle sur chaque coup, notamment à partir de 10. Comme l'a dit Jérôme, je pense effectivement que cela a marqué un tournant dans le championnat, pour nous comme pour les spectateurs qui, dès lors, nous ont manifesté un soutien extraordinaire. Après cette série, je mène 34-31. La victoire devient possible. Et lorsque je conclus le match, Fréd a 33 points. Jérome qui a alors 31 points au compteur doit faire 2 points supplémentaires pour nous qualifier. Il les réalise assez vite et c'est alors un énorme soulagement!
Kozoom : Après votre performance de la veille, vous affrontez le dimanche matin en demi-finale l'équipe d'Autriche que l'on n'attendait pas dans le dernier carré. Du coup, dans l'esprit des supporters, vous passez du statut d'outsider à celui de favori. Etait-ce un piège facile à contourner ?
J. Barbeillon: On ne s’est pas enflammé après notre victoire contre la Belgique B. On a vu que l’Autriche a réalisé une moyenne de 1,740 en ¼ de finale. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans la partie, tandis qu’à coté jérémy menait de beaucoup. J’avais juste à gérer mon match.
J. Bury: Sur le papier, on pouvait penser qu'il s'agissait du meilleur tirage. Nous en étions conscients mais l'excellente performance des autrichiens en 1/4 nous appelait à une vigilance extrême. J'ai fait une bonne entame de match et ai rapidement mené 25-5. Je pouvais faire la différence sur ce match; il fallait essayer de maintenir l'écart le plus important possible.
Kozoom: En Finale, vous retrouvez la paire Merckx-Leppens tenante du titre qui vous a battu en poule qualificative. Comment avez-vous abordé cette finale ? Votre victoire en ¼ de finale face à leurs compatriotes a-t-elle réussi à inverser le rapport de force ?
J. Barbeillon: Avant la finale, on s’est fait un petit plan de ce qui pourrait se passer. Jérémy devait affronter Merckx, qu’il n’a jamais battu, et moi Leppens que je n’ai jamais battu.La mission de gagner était très délicate mais pas impossible. C’est une superbe satisfaction car j’ai bien joué quand il le fallait. En plus je voyais jérémy qui menait au score, la ligne d’arrivée était en point de mire !
J. Bury: La finale n'avait rien à voir avec le match de poule du vendredi où nous nous étions inclinés: la qualification était déjà assurée et les parties se jouaient en 30 points. Nous n'avons donc pas pensé au match précédent. Ni au fait que nous avions éliminé l'autre équipe belge en 1/4. Nous savions que nous avions les moyens de défendre nos chances et de les accrocher. Il fallait être bien présents et ne rien lâcher. Jérôme a sorti la bonne partie au bon moment. C'était prévu dans notre scénario 😉
Kozoom: Parlons un peu de l'ambiance. Scénario idéal: les organisateurs ont réussi à faire salle comble et vous avez réussi à combler les spectateurs. Vous avez ressenti cette énergie ? Est-ce que cela a influencé votre jeu ?
J. Bury: Une ambiance énormissime! C'est pour vivre de tels moments que je joue au billard. C'est malheureusement encore trop rare mais cela va peut-être donner des idées aux spectateurs des futures compétitions! Cela m'a rappelé une coupe du monde au Mexique, ou encore le championnat du monde par équipes nationales en Allemagne lorsque les allemands jouent, ou pour prendre un exemple extra-billard la Coupe Davis de tennis.
Il est clair que cela galvanise et donne beaucoup de confiance. Le public a sans douté été un des artisans de notre réussite et je tiens à l'en remercier. Nous avons eu droit à une véritable ambiance sportive, ce que j'affectionne particulièrement.
Toutes les conditions étaient réunies: un fabuleux travail en amont des organisateurs sous la houlette de Jacques Deneufve et du président du club de Saint Brévin, et une communication intelligente du sponsor principal de l'événement, le concessionnaire Renault DIFA Pornic qui a décidé de présenter la nouvelle gamme de véhicules électriques de la marque sur le lieu du championnat et a envoyé des cartons d'invitation à 3000 clients. La moitié des spectateurs présents dans la salle n'avait jamais vu de billard! Et il semble que cela leur ait plu!
J. Barbeillon: Oui, j’ai ressenti l’osmose qu’il pouvait y avoir entre le public et nous. 400 personnes étaient là pour la finale. On a tout fait pour produire notre meilleur jeu et en retour on avait les applaudissements et encouragements des spectateurs. C’est une sensation très particulière et je n’oublierai jamais cette ambiance ! on était si loin des claquements de doigts et chuchotements du quotidien.
Kozoom : Jérémy, en quoi cette victoire a-t-elle une saveur particulière lorsque l'on possède déjà le plus beau palmarès européen avec son équipe de club ?
J. Bury: J'ai la chance d'évoluer dans la meilleure équipe de club en Europe et d'avoir déjà remporter l'or. Mais la compétition par équipes nationales a une saveur tout-à-fait particulière pour moi. La toute première médaille internationale seniors que j'ai remportée l'a d'ailleurs été lors du championnat du monde avec JC Roux en 2004.
C'est toujours une immense fierté et une grande source de motivation que de représenter mon pays et de défendre ses couleurs. Peu de gens ont cette chance.
Et quelle merveilleuse récompense d'entendre la Marseillaise lors d'une compétition de ce niveau!
Kozoom: On a rarement vu sur la toile autant de témoignages de soutien après votre victoire. J'imagine que vous avez dû recevoir de très nombreux coups de fil et sms. Vous souhaitez adresser un message en retour à vos supporters, je vous laisse donc conclure cet interview…
J. Barbeillon : Encore un grand merci à vous tous, pour vos messages, votre soutien et vos félicitations.
C’est une belle récompense. Entendre notre hymne national ce week-end a été particulièrement émouvant.Nous sommes très heureux d'apporter à la France ce premier titre de champion d'Europe au 3 bandes par équipes nationales.
J. Bury : Merci à tous ceux qui ont soutenus durant la compétition, sur place ou au travers de sms, mails et commentaires sur mon blog. Vos félicitations et témoignages de sympathie nous ont sincèrement touchés. J'espère que ce titre en appellera d'autres!
Encore merci à vous!
Source: Jérémy Bury et Jérôme Barbeillon partagent leur bonheur
Comments 2
Sacrée année 2011…
Et elle n’est pas encore finie.
Je suppose que c’est pour des moments comme ceux-là que tu ne dois pas regretter l’EN (Education Nationale…).
Et comme tu sembles heureux, on ne peut que te souhaiter d’autres résultats aussi brillants (je parle ici du sportif :)).
Amitiés.
PS : avec tous ces spectateurs, même pas un iPh… présent pour une (petite) vidéo ?
Vu l’heure de diffusion du précédent message, il semble que le site soit resté à l’heure d’été !
Mais, bon, vu la douceur du climat en cette fin d’automne…